
photo: ©2012 Simon Martel
Admettre que la motivation au travail n’est plus au rendez-vous constitue le premier pas dans la reconquête de la satisfaction professionnelle. Il est en effet primordial de prendre au sérieux les signaux de lassitude, même si cette prise de conscience occasionne bien souvent du désarroi chez le travailleur. Il est naturel pour l’humain de chercher à évoluer, progresser et trouver du sens dans ses accomplissements, pourtant la peur du changement est parfois telle qu’elle paralyse l’individu. Le travailleur avisé sait cependant que la démotivation et la frustration chroniques l’exposent à des risques bien réels de présentéisme, d’épuisement professionnel, de maladies diverses et même à des accidents de travail causés par le manque de vigilance. Mais voilà, il faut bien gagner sa croûte!
Après avoir pris le temps d’évaluer honnêtement l’intensité de son malaise, tel qu’expliqué dans l’article précédent, le travailleur entamera une réflexion approfondie sur les causes de son manque d’énergie afin de pouvoir poser les actions appropriées. Dans le cas où le burnout n’a pu être évité, l’arrêt de travail est bien sûr indispensable pour la distanciation émotionnelle et la réparation des maux physiques, mais la réflexion reste essentielle pour que l’individu puisse parvenir à résoudre véritablement cette crise intérieure. La réflexion peut être abordée de différentes manières, supportée de multiples façons par des lectures, des rencontres, de l’introspection, des recherches, de la méditation, mais elle nécessitera toujours du temps.
Comme point de départ, nous proposons au travailleur morose de chercher à identifier la source principale de sa souffrance psychique au travail. Le malaise provient-il de la tâche, de l’environnement de travail, du climat relationnel ou de notre rôle professionnel? Les réponses qui se profileront à ces questions fondamentales permettront de déterminer les options à envisager pour retrouver un nouveau souffle à l’emploi.
Lorsque l’insatisfaction découle plutôt de la tâche, une discussion franche avec le supérieur pourrait conduire à la réalisation de nouveaux mandats stimulants, correspondant davantage à nos aptitudes. Le travailleur peut aussi choisir de se donner des défis à travers des projets intéressants qu’il initiera. On peut souhaiter un changement de niveau de responsabilités et/ou mettre à profit des compétences nouvellement acquises. On peut saisir les occasions de formation et de perfectionnement pour enrichir notre bagage en fonction de nouvelles aspirations. Enfin, les privilégiés qui ont cette possibilité peuvent tout simplement opter pour une longue pause et préparer un congé sabbatique consacré à la mise en œuvre d’un projet personnel longtemps caressé (ex.: voyage, rénovations, créations artistiques, etc.), après lequel ils seront réénergisés.
Quand la désillusion provient de l’environnement de travail, des mesures concrètes peuvent être tentées. Par exemple : un ajustement d’horaire qui favorisera une meilleure qualité de vie, un aménagement de l’espace de travail plus propice à la concentration, des solutions de transport pour faciliter les déplacements ou une mutation pour réduire la distance entre l’emploi et le domicile. Pour compenser notre impuissance à agir sur divers aspects de l’organisation du travail, on peut en définitive décider de manière consciente de modifier notre perspective (ex. se centrer sur la clientèle et faire fi volontairement de l’environnement pour un certain temps).
Dans les situations de grandes transformations au sein de l’entreprise, de relocalisation, de restructuration ou d’implantation de nouvelles méthodes de travail, la démotivation du travailleur pourrait être interprétée à tort comme de la résistance au changement. En fait, dans ces circonstances, l’employé a plutôt le sentiment que son employeur a brisé son contrat moral envers lui, comme le souligne Maletto (2009). Ce sentiment est encore plus présent quand les employés ont été mal accompagnés dans le changement et que la perte subie a été peu compensée par l’employeur, de façon symbolique ou financière. Puisque l’emploi qu’il avait choisi n’existe plus dans la nouvelle réalité de l’organisation du travail, l’employé qui veut s’adapter devra identifier les deuils et les gains qui en découlent et reconsidérer ses objectifs. Un tel contexte oblige le travailleur à rechoisir son emploi, dans ce qu’il est devenu, pour y retrouver éventuellement de la satisfaction.
Plusieurs auteurs, dont Angela Portella (2010) et Marie-France Hirigoyen (1998), traitent des situations où des rapports conflictuels avec des collègues ou un supérieur sont à l’origine de la démoralisation au travail. Le travailleur peut solliciter de l’aide dans la résolution de conflits relationnels, dans l’affirmation de soi ou dans la gestion des rapports avec des personnalités difficiles. Il est toutefois impératif de ne pas rester seul face à une relation de travail qui s’apparente à du harcèlement moral.
Parfois, un changement d’orientation s’imposera quand le travailleur réalise que son rôle professionnel ne correspond plus à ses valeurs et à ses besoins. Un bilan de compétences avec un conseiller permettra alors à l’individu d’identifier ses forces, ses limites et ses objectifs afin de pouvoir explorer de nouvelles avenues (ex. retour aux études, virage de carrière, travail indépendant, etc.). Une mutation dans un autre poste au sein de l’entreprise ou une recherche d’emploi sera aussi à considérer dans le cas où l’individu perçoit son milieu de travail comme toxique (pressions excessives, impératifs de rendement, harcèlement persistant, absence de reconnaissance, conditions nuisibles, etc.). Certes, le travailleur se sentira amer de quitter sans honneur un poste où il a beaucoup donné, mais cette expérience n’est pas perdue. Une démarche faite avec assurance lui permettra de trouver un milieu en accord avec lui-même, dans la dignité.
Bien sûr, ces nombreuses propositions ne sont que des pistes, des repères pour guider une démarche de réflexion. Chacun est porteur de sa réponse et créateur de son avenir. Confiance, sacrifices, prudence et temps sont requis pour effectuer de grands changements, en dépassant ses craintes, dans le but de se reconstruire une vie professionnelle épanouissante. Par ailleurs, terminons avec le point de vue de Marcelo Otero (2012) qui rappelle de se valoriser et de faire preuve d’existence sociale au travail mais également dans d’autres sphères que le travail. Bonne route!
Recommandations de lecture :
- Maletto, Michel. La gestion du changement : Comment faire adhérer le personnel. Montréal, Éd. Saint-Martin, 2009.
- Portella, Angela. Repenser le bien-être au travail. France, Éd. Studyrama-Vocatis, Coll. Efficacité professionnelle, 2010.
© 2012 tous droits réservés Nicole Blanchard
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J’aime toujours beaucoup le contenu de tes billets. J’aimerais vraiment pouvoir t’embaucher, tes sujets de conférence m’intéressent! Je t’encourage à continuer cet excellent travail!!